Nairobi — Selon un rapport, moins de la moitié de la population africaine reçoit les services de santé dont elle a besoin, les groupes vulnérables, notamment les homosexuels et les handicapés étant laissés pour compte.
Les systèmes de santé africains ne parviennent pas à répondre aux besoins des pauvres, des handicapés, des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transgenres et des homosexuels (LGBT), avec des défis allant de la discrimination et de la stigmatisation aux établissements de santé mal conçus, selon le Rapport de la Commission de la Conférence internationale de l’Agenda de la santé en Afrique (AHAIC).
D’après une étude menée en 2019 en Afrique du Sud, les travailleurs de la santé ne sont pas formés pour gérer la population LGBT à la recherche de services de santé. Les LGBT sont soumis à des abus verbaux et au refus des services médicaux par les travailleurs de la santé.
Une autre étude publiée en janvier de cette année sur l’adoption de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) quotidienne pour prévenir les infections à VIH chez les femmes transgenres et les gays au Kenya a révélé que la stigmatisation des services de santé entraînait des abandons du programme.
Les femmes transgenres et les homosexuels se sont vus poser des questions de la part des agents de santé sur leur orientation sexuelle, ce qui a conduit à des abandons, compromettant ainsi les efforts pour atteindre l’objectif de zéro nouvelle infection à VIH.
La couverture des services pour les femmes et les filles est également faible, a indiqué le rapport de la Commission AHAIC lancé les 8 et 10 mars lors d’une conférence virtuelle. Entre 2015 et 2019, 51% des femmes et des filles africaines n’ont pas pu accéder aux méthodes modernes de planification familiale.Au Malawi, les patients victimes d’un AVC n’ont pas pu accéder aux services de santé parce qu’ils ne pouvaient pas marcher, a ajouté le rapport, soulignant les problèmes rencontrés par les personnes à mobilité réduite.
« La COVID-19 a révélé de nombreuses inefficacités dans nos systèmes de santé. Il a montré que la santé n’est pas que l’affaire des prestataires de soins de santé mais qu’elle concerne tout le monde », a déclaré Solange Hakiba, coprésidente de la commission et chef de l’USAID-Rwanda.
Un service de santé de faible qualité est l’indicateur le moins performant de la couverture sanitaire universelle (CSU) en Afrique, avec 48% de la population incapable d’accéder aux services de santé dont elle a besoin, selon la commission.
Solange Hakiba a appelé à se concentrer sur le financement des soins de santé primaires et des maladies non transmissibles telles que le cancer car «ils affaiblissent la population africaine».
Le rapport révèle que les inégalités dans la prestation des soins de santé telles que la demande et l’accès aux services de planification familiale sont quatre fois plus élevés chez les riches que chez les pauvres. L’Organisation mondiale de la santé affirme que 11 millions d’Africains tombent dans la pauvreté chaque année en raison des paiements directs élevés.
La conférence virtuelle, organisée par Amref Health Africa, a réuni plus de 3 000 participants issus de gouvernements, du secteur privé, et d’institutions universitaires et de recherche d’Afrique et d’ailleurs.
Inclusion
Jonathan Dangana, un conseiller technique à Amref avec une expertise dans la couverture sanitaire universelle, a déclaré que des segments de la population tels que les adolescents, les jeunes et les personnes ayant des besoins spéciaux risquent d’être exclus.
Il a ajouté que l’inclusion de ces groupes est essentielle pour redéfinir le discours africain sur la réalisation de la CSU car cette catégorie constitue plus de la moitié de la population africaine.
Jonathan Dangana a expliqué que la pandémie de la COVID-19 a renforcé le besoin urgent de parvenir à une couverture sanitaire universelle par la législation et à un réexamen des stratégies de soins de santé primaires.
Ce dernier qui est également chargé de cours au département de santé publique de l’université Babcock au Nigéria, a déclaré à SciDev.Net que la Commission AHAIC avait identifié les causes profondes des services de santé médiocres tels que les insuffisances de la main-d’œuvre et la forte dépendance au financement des bailleurs de fonds.
Des défaillances qui pourraient être résolues grâce à une priorisation des allocations budgétaires et du financement des soins de santé.« Cela signifie considérer la santé comme un investissement et pas seulement comme une simple responsabilité sociale », déclare Jonathan Dangana. « Les soins de santé primaires sont essentiels pour rendre et garantir que les soins de santé sont accessibles à tous. Par conséquent, avec un système de soins de santé primaires fonctionnel en place, la réalisation de la CSU devient naturellement [facile] », dit-il.
Le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, a déclaré à la conférence que l’Afrique doit faire beaucoup plus pour atteindre la CSU et le troisième objectif de l’Agenda 2030 de l’ONU sur le développement durable.
« Les pays africains continuent de souffrir du fardeau des maladies qui peuvent être considérablement réduites grâce à la CSU», a-t-il déclaré, ajoutant que de simples gestes d’hygiène telles que le lavage des mains pourraient réduire considérablement certaines maladies virales affectant les Africains.
Article first published on https://fr.allafrica.com/stories/202104231004.html
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