Les leaders en matière de climat dans les pays du Sud ont un message clair pour les gouvernements à l’occasion des discussions de l’ONU sur le climat dans le cadre de la COP 26 : arrêtez de parler et commencez à agir.
Les communautés dans les pays en développement subissent les impacts les plus graves de la crise climatique, bien qu’elles soient les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique, a-t-on appris le 20 octobre lors d’un débat organisé par SciDev.Net.
Et à mesure que les événements météorologiques extrêmes augmentent en fréquence et en intensité, les décideurs en matière de climat affirment qu’ils ont perdu patience à l’égard des dirigeants politiques et industriels peu coopératifs.
« Dirigeants mondiaux, s’il vous plaît, arrêtez de parler et commencez à agir », appelle Samir Tantawi, ancien membre de la délégation égyptienne à la conférence des Nations Unies sur le climat et co-auteur d’un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les inventaires de gaz à effet de serre.
« Nous sommes à un moment très critique, selon des récents rapports des scientifiques et du GIEC. Tout le monde sait ce qu’il faut faire et ce que chaque pays peut faire », ajoute-t-il.
Rester en dessous de 1,5°C
Les parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques sont liées par l’Accord de Paris de 2015 pour limiter le réchauffement climatique à moins de deux degrés Celsius, en mettant l’accent sur le fait de rester en dessous de 1,5°C.
Le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre cet objectif et beaucoup considèrent la COP 26 comme la dernière chance pour une action climatique efficace.
Alexandre Antonelli, directeur scientifique des Royal Botanical Gardens, Kew, au Royaume-Uni, déclare que le monde ne pourrait pas se permettre de manquer les opportunités qu’offre la COP 26 qui se tient en ce moment même à Glasgow, en Écosse.« Au cours de la dernière décennie, nous avons complètement échoué à atteindre les objectifs d’Aichi pour la biodiversité », affirme Alexandre Antonelli.
Et d’ajouter : « Nous devons agir différemment : nous voulons voir des actions, nous voulons voir un plan et les financements pour bien faire les choses au cours de cette décennie. Parce que c’est peut-être la dernière occasion de changer les choses ».
Le financement des pertes et dommages liés au climat sera au cœur des questions examinées lors des négociations sur le climat à la COP 26. Les « pertes et dommages » faisant référence aux impacts climatiques dont les effets dépassent la capacité d’adaptation ou d’atténuation d’un seul pays.
Ritu Bharadwaj, chercheur principal sur la gouvernance climatique et les finances à l’Institut international pour l’environnement et le développement, précise que les pertes et les dommages sont « le problème le plus important [… ] parce que cela se produit maintenant et dans les pays et les communautés vulnérables du monde entier, des gens perdent la vie, leurs moyens de subsistance, leurs maisons ou ils sont déplacés ».
« Ces problèmes ne feront qu’empirer à mesure que les impacts du changement climatique s’aggraveront », prévoit Ritu Bharadwaj.
« Nous avons besoin d’une action urgente à grande échelle ; car, sans cela, des millions de vies seront mises en danger. Cela nécessite un engagement pour les finances, les ressources, les capacités, les infrastructures, pour les pays vulnérables afin de les aider à se préparer, à s’adapter et à se remettre de ces impacts », ajoute ce dernier.
Garanties
Les dirigeants des communautés autochtones analyseront les stratégies climatiques nationales et surveilleront les négociations officielles pour s’assurer que les solutions proposées contre le changement climatique n’endommagent pas leurs terres et n’entraînent pas de nouveaux déplacements, indique Vicky Tauli-Corpuz, l’ancienne rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
« Ce que j’aimerais voir, c’est l’inclusion de garanties et de droits de l’homme dans bon nombre de ces solutions en cours de discussion », souligne Vicky Tauli-Corpuz qui est aussi membre du peuple Kankana-ey Igorot de la région de la Cordillère aux Philippines.
« Pour que ces solutions ne marginalisent pas davantage les peuples autochtones, et que ces solutions les incluent également, les peuples autochtones participeront à la décision sur la manière dont ces solutions sont élaborées, en particulier en ce qui concerne leurs terres, territoires et ressources, et bien sûr leurs connaissances traditionnelles », explique cette dernière.
Grace Ineza, leader de la jeunesse pour le climat, fait savoir que les femmes et les jeunes des zones rurales sont confrontés aux plus grands impacts climatiques. Elle soutient que bien qu’il y ait eu un soutien important pour la reprise après des événements météorologiques extrêmes dans les pays riches, les mêmes catastrophes dans les pays du Sud n’ont « même pas reçu un dollar ».
« C’est un peu douloureux », relève-t-elle. « Nous devons intensifier nos efforts, pas seulement les pays du Nord, nous devons tous intensifier nos efforts et essayer de lutter contre les impacts du changement climatique avec un sentiment d’urgence. Le rapport du GIEC l’a souligné très clairement, nous sommes tous dans la zone rouge, et tout le monde, partout, est exposé ».« La seule façon de s’en remettre est de travailler ensemble activement, et en étant particulièrement à l’écoute des besoins des plus vulnérables, car ce sont eux qui sont les plus impactés », conclut Grace Ineza.
Martin Muchangi, spécialiste de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène chez AMREF[1] Santé Afrique – un membre du Groupe de travail OMS/société civile pour faire avancer l’action sur le climat – déclare que les maladies infectieuses et non transmissibles ont augmenté en raison du changement climatique.
Les moustiques du paludisme peuvent vivre et se reproduire dans de nouvelles zones tandis que la pollution affecte la santé pulmonaire, dit-il.
« Une planète en bonne santé, ce sont des gens en bonne santé », affirme Martin Muchangi. Avant d’ajouter : « Si vous regardez les maladies tropicales négligées comme le trachome – pour lesquelles vous avez besoin d’eau pour vous laver le visage et maintenir une hygiène de base – en raison de la sécheresse, l’eau diminue dans le Sud de la planète. »
La communauté mondiale espérait éradiquer le trachome d’ici 2020, rappelle-t-il. « Maintenant, nous reprenons la bataille. Bien que la nouvelle date pour éradiquer cette maladie soit 2023, je n’en suis pas sûr. Si nous ne faisons pas d’interventions sérieuses autour de l’atténuation et de l’adaptation du changement climatique, il est peu probable que ces objectifs de santé soient atteints », conclut le chercheur.
Une lettre ouverte signée par plus de 450 organisations représentant 45 millions d’agents de santé a appelé les dirigeants nationaux et les délégations des pays à la COP 26 à placer « la santé humaine et l’équité » au centre de l’action climatique.
Références
[1] African Medical and Research Foundation (Association pour la médecine et la recherche en Afrique)
Article first published on https://fr.allafrica.com/stories/202111010474.html
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